Le cabinet de sécurité israélien a approuvé cette nuit (samedi à dimanche), au terme d’une réunion tendue de plus de cinq heures, la mise en place de zones humanitaires dans toute la bande de Gaza, destinées à séparer la population civile des éléments du Hamas. Cette décision survient à la veille du départ d’une délégation israélienne pour des pourparlers indirects à Doha, bien qu’Israël ait officiellement rejeté les dernières exigences du Hamas dans le cadre de l’accord partiel négocié sous médiation qatarie.
Les ministres Itamar Ben Gvir et Betsalel Smotrich se sont opposés à l’acheminement d’une aide humanitaire vers le nord de la Bande de Gaza, même de manière temporaire et parallèle à la création desdites zones de sécurité.
Un vif affrontement a opposé le Premier ministre Binyamin Netanyahou au chef d’état-major, le général Eyal Zamir, au sujet du calendrier d’implantation des zones humanitaires. Le ministre des Finances Smotrich s’est également emporté contre le chef d’état-major, l’accusant de ne pas appliquer les directives du gouvernement sur la séparation entre civils et combattants. La situation a dégénéré au point que Netanyahou a dû intervenir fermement, allant jusqu’à frapper du poing sur la table pour calmer les esprits.
Si un accord venait à être conclu, les zones humanitaires approuvées seraient établies au sud de l’axe de Morag — surnommé « Philadelphie 2 » — vers lequel Israël souhaite transférer l’ensemble de la population de Gaza. Eyal Zamir a exprimé ses inquiétudes face à un afflux massif de civils palestiniens dans cette zone, en raison de la crise humanitaire, craignant des conséquences pour la sécurité des soldats déployés. Ben Gvir et Smotrich, quant à eux, accusent l’armée d’inefficacité et de ne pas tenir l’objectif de contrôler 75 % de la bande de Gaza dans le cadre de l’opération Chars de Gédéon.
Un extrait vidéo diffusé durant la réunion montre des foules courant vers des centres de distribution d’aide, suscitant un débat houleux. Eyal Zamir a mis en garde : « Ce chaos met en danger les otages. Regardez la proximité avec nos soldats. » Ben Gvir a rétorqué : « Pourquoi distribuer de l’aide si cela met nos soldats en danger ? » Netanyahou a tenté de rationaliser : « Ils courent parce qu’ils ont faim. Quand ils auront suffisamment de nourriture, cela cessera. » Ben Gvir ne s'est pas contenté de cette réponse: « Ils courent parce que c'est leur manière d'être. Quand les otages sont arrivés, ils ont aussi couru après eux. Là aussi, ils avaient faim?!''.
Dans le cadre des discussions sur l’aide humanitaire, le général Ghassan Alian, coordinateur des activités gouvernementales dans les territoires (COGAT), a indiqué que « 99 % des camions sont pillés par la population ». Smotrich a contesté ce chiffre, affirmant que « 89 % de l’aide parvient au Hamas ». Ben Gvir a tranché : « L’aide va au Hamas, pas aux civils. » Zamir a reconnu : « Toute la bande de Gaza c'est le Hamas »
Les ministres ont également été informés de l’état des négociations sur les otages. Bien que la réponse du Hamas ait été jugée inacceptable, l’envoi de la délégation à Doha indique que les écarts restants sont jugés franchissables par les autorités israéliennes.
En parallèle, Binyamin Netanyahou a présenté au cabinet un aperçu de sa visite prévue à Washington, où il doit rencontrer le président Donald Trump lundi à 18h30 (heure locale), soit 3h30 du matin heure israélienne. Il n’est pas encore confirmé si une conférence de presse aura lieu à l’issue de l’entretien. Trump a déclaré la veille qu’une avancée dans les négociations pourrait être possible « d’ici une semaine ».
Déjà vendredi, la réunion du cabinet de sécurité avait été tendue entre le chef d'état-major et les ministres, comme révélé par la chaine N12.
Ben Gvir et Smotrich ont accusé le chef d’état-major de ne pas exécuter les directives du gouvernement. Ce dernier leur a répondu avec fermeté : « Il n’y a pas d’atermoiement dans la Bande de Gaza… Faites attention à vos paroles. Des soldats tombent au combat. »
Au plus fort de ces échanges verbaux, le Premier ministre a élevé la voix et exigé la préparation d’un plan d’évacuation massif de la population gazaouie vers le sud de la Bande de Gaza, déclarant fermement :
« Je ne ferai aucun compromis — le Hamas ne restera en aucun cas à Gaza. »
Le chef d’état-major s’est opposé avec véhémence à une telle mesure de prise de contrôle israélienne sur une population nombreuse à Gaza, mettant en garde contre une perte de contrôle totale : « Vous voulez un gouvernement militaire ? Qui va gérer deux millions de personnes ? »
Mais le Premier ministre est resté inflexible face aux avertissements : « Je ne veux pas de régime militaire, mais je n’accepterai en aucun cas que le Hamas reste. Préparez un plan d’évacuation — je veux le voir à mon retour de Washington. »