Le ministre israélien des Finances, Betsalel Smotrich, a révélé ce lundi, lors d'une conférence organisée par le réseau éducatif Noam-Tzvia, la profonde crise personnelle qu’il a traversée à la suite de l’attaque du 7 octobre. Ébranlé par l’ampleur de la tragédie, il a confié avoir envisagé de quitter ses fonctions, submergé par le poids insupportable de la responsabilité publique qui lui incombait. « J’ai senti que je n’étais tout simplement pas en mesure de porter cela », a-t-il déclaré.
« Il faut environ deux mois pour entrer dans une forme de routine d’urgence. Et c’est là que commencent des maux de ventre terribles, insupportables. »
Hanté par la responsabilité de l’État et la tragédie survenue « sous [son] mandat, sous [celui] de [ses] collègues », Smotrich confie qu’il n’a cessé de s’interroger. « Je creuse, je creuse encore, et je ne comprends pas. Comme tout le monde. »
Il revient également sur son engagement politique de longue date, évoquant les blessures physiques et psychologiques subies au fil des luttes : « J’ai reçu des coups en classe de 4e en manifestant contre les accords d’Oslo, j’ai été détenu par le Shin Bet lors du combat pour le Gush Katif. Et nous avons crié, jusqu’à l’enrouement : ‘Ne leur donnez pas d’armes ! Ne quittez pas le Gush Katif !’. Des années à alerter sur le fait que le Hamas n’était pas dissuadé, et à croire que nous pouvions reconquérir Gaza. »
Au plus fort de sa détresse, Smotrich raconte s'être tourné vers son père, son guide spirituel, pour chercher une réponse : « Je vais vous dire la vérité. Il y a eu un moment où j’ai appelé mon père et je lui ai demandé de venir. Je lui ai dit : ‘Papa, je vais démissionner.’ Car si, dans mon introspection, j’avais trouvé une faute personnelle, peut-être aurais-je pu corriger mes erreurs… Mais je regarde la situation à l’échelle nationale, et je ne trouve pas. Alors je me suis dit : quelque chose ne va pas. Je ne peux pas continuer ainsi. »
Cette conversation avec son père sera décisive. « Mon père m’a redonné de la force, il m’a rappelé d’où je viens, et pourquoi je suis ici », a-t-il confié. « Il m’a fait comprendre que, précisément en ce moment, il ne fallait surtout pas renoncer. » Depuis cet échange, Smotrich a choisi de rester en fonction, animé d’une détermination renouvelée à œuvrer pour la reconstruction du pays et à corriger, selon ses mots, « l’aveuglement » qui a empêché de mesurer l’ampleur de la menace.
Dans le sillage de cette prise de conscience, le ministre a également partagé des informations sur ce qu’il qualifie de « plan d’extermination iranien » : 35000 combattants pro-iraniens stationnés en Irak auraient préparé une incursion via la Jordanie. Parallèlement, Smotrich a dévoilé que la menace des Houthis avaet été largement sous-estimée par Israël : « Nous ignorions que les Houthis construisaient, dans d'immenses bunkers souterrains, des missiles d'une portée de 2000 kilomètres destinés à frapper Israël. » Il a expliqué que les autorités pensaient à tort qu’il s’agissait de proxys destinés à agir contre l’Arabie saoudite. « C’était de l’aveuglement », a-t-il conclu. « Nous étions aveugles – mais ce n’est plus le cas », a-t-il conclu. « Désormais, nous poursuivons la guerre – les yeux grands ouverts. »