Une intervention qui va apporter de l'eau au moulin des plus virulents détracteurs d'Israël.
Hier soir (mercredi), sur la chaine israélienne N12, le journaliste Arad Nir a évoqué la ville humanitaire que le ministre de la Défense Katz veut créer au sud de la Bande de Gaza, afin de permettre aux Gazaouis de s'y réfugier, de se détacher de la menace du Hamas et d'y recevoir de l'aide humanitaire.
Pour le journaliste, ce projet revient à créer un ''camp de concentration''. Une comparaison qui a suscité de vives réactions aussi bien sur le plateau que sur les réseaux sociaux. Le musée de Yad Vashem a également publié un communiqué pour faire part de son indignation.
« L’intention déclarée ici, en Israël, de transformer Rafah en une zone de refuge humanitaire — un synonyme de camp de concentration — dans le but d’y transférer et de canaliser la population. », a déclaré Arad Nir avant d'être repris par la présentatrice: « Un camp de concentration ? Cela nous ramène à d’autres époques. »
Le journaliste a alors persisté dans sa comparaison qu'il a assumée: « Un camp de concentration est un camp de concentration. Lorsqu’on regroupe des gens dans des camps de tentes sur des ruines et qu’on leur donne de la nourriture — c’est un camp de concentration. Il faut aussi se souvenir de la connotation historique. »
La journaliste Shirith Avitan-Cohen, qui participait au panel en studio, a réagi : « Malgré toute la dramatisation, on ne peut pas comparer la ville de tentes en cours de construction à un camp de concentration. Quand on nous a mis dans des camps de concentration il y a des décennies, c’était pour nous exterminer. Israël essaie d’établir une ville humanitaire, de fournir nourriture, eau, médicaments et abri aux civils, et de les séparer du Hamas pour que nous puissions mettre fin à cette guerre. »
Certains internautes, descendants de rescapés de la Shoah, ont fait remarquer à Arad Nir que leurs grands-parents auraient certainement apprécié que les camps de concentration où ils ont été déportés ressemblent au projet qu'Israël veut mettre en oeuvre pour les Gazaouis.
Dans la soirée, le musée de Yad Vashem a publié le communiqué suivant: « L’usage du terme camp de concentration pour décrire cette situation, alors que la connotation et la signification de ce terme dans l’histoire du peuple juif sont bien connues, est extrêmement grave, hors de propos et dénature le sens de la Shoah. Comme on le sait, les nazis ont établi des camps de concentration avec l’intention d’exterminer les Juifs, selon une idéologie meurtrière ».
Face à ces réactions, Arad Nir a publié une mise au point et des excuses sur son compte X: « Lors de l’émission d’aujourd’hui, j’ai qualifié la ‘ville humanitaire’ que le ministre de la Défense envisage d’établir à Gaza de ‘camp de concentration’. Je n’avais pas l’intention de blesser qui que ce soit, mais de formuler une analyse journalistique et humaine d’un projet qui, à mes yeux, est mauvais, immoral, et susceptible de mettre en difficulté l’État d’Israël ainsi que tous ses citoyens. De nombreuses personnes ont été blessées par l’emploi de ce terme, si chargé dans l’histoire juive et dans la conscience israélienne, et je leur demande pardon. »