Un colloque exceptionnel se tiendra demain (lundi) à la Knesset sous le titre : « Un temps pour construire – sur le célibat, l’espérance et la foi ». Cette initiative, lancée par la vice-présidente de la Knesset, la députée Limor Son Har-Melech, vise à inscrire la question du célibat tardif à l’agenda public et national, en proposant des réponses pratiques, émotionnelles et spirituelles aux milliers de femmes et d’hommes célibataires en quête de fondation d’un foyer en Israël.
Le colloque réunira un large panel de professionnels de terrain, parmi lesquels des accompagnants, conseillers conjugaux, éducateurs, entrepreneurs sociaux et entremetteurs. Y participeront notamment la rabbanite Yemima Mizrahi, Tsuriel Gavizon (initiateur du projet "252"), la conseillère Shirat Malach, Haya Maman du centre "Békarov", le rabbin Shlomo Shiber, cofondateur du projet "Re'im Ahouvim", l’entrepreneuse Naama Avraham, ainsi que Racheli Huminor, entremetteuse spécialisée dans les secondes unions. Des représentants du système éducatif national-religieux seront également présents : le rabbin Yoni Samuel, Michal De-An et Déborah Rosenberg.
Le colloque rendra également hommage à Elyakim Libman z’’l, assassiné le 7 octobre. Ses parents, Avishag et Eliyahu Libman, seront présents et présenteront l’initiative de rencontres amoureuses qu’ils ont lancée à sa mémoire, dans un esprit de mission et de continuité, afin d’aider d’autres à réaliser ce qu’il n’a pas pu accomplir de son vivant.
Dans sa déclaration, la députée Son Har-Melech a affirmé : « À l’heure où notre pays a connu tant de destruction et de souffrance, il est temps de construire. La mission de notre génération est de bâtir des foyers solides en Israël. La vie de couple n’est pas un simple besoin personnel, c’est un acte de construction nationale. »
Elle a appelé à mobiliser l’ensemble des systèmes éducatif, social et communautaire pour accompagner les personnes célibataires dans leur démarche : « L’État d’Israël doit reconnaître ce défi comme un enjeu existentiel. »
Anat Gopshtein, directrice du lobby parlementaire sur le célibat, a souligné : « Nous entendons constamment l’appel de célibataires qui réclament orientation, encouragement et outils. Ce colloque est là pour écouter, accueillir et surtout agir. »
Selon les données de l’Institut central de statistiques et de plusieurs études récentes, l’âge moyen du mariage chez les femmes juives est passé de 21,7 ans en 1970 à 25,8 ans aujourd’hui, tandis qu’il atteint 23,2 ans chez les femmes musulmanes. Chez les hommes, la hausse est similaire, culminant à 27,5 ans. Cette évolution s’accompagne d’un recul tangible du mariage comme norme dominante.
Le chiffre le plus frappant concerne les femmes âgées de 25 à 29 ans : plus de 51 % d’entre elles sont célibataires, contre 36 % au début du millénaire. À Tel-Aviv, capitale culturelle et économique du pays, ce taux atteint un pic impressionnant de 80 à 81 %. La tendance ne s’arrête pas là : parmi les femmes de 45 à 49 ans, le taux de célibataires a presque doublé en deux décennies, passant de 6 % à 11 %.
Mais loin d’illustrer un renoncement à la maternité, cette mutation s’accompagne d’un changement de paradigme : près de la moitié des femmes juives célibataires de 45 à 49 ans sont aujourd’hui mères, contre seulement 17 % en 2007. La maternité hors mariage devient de plus en plus courante, avec 5,6 % des naissances en 2018 issues de femmes non mariées, contre 2,8 % en 2000.
Les spécialistes soulignent une série de facteurs expliquant cette transformation : poursuite d’études supérieures, développement de carrières indépendantes, évolution des aspirations personnelles, et, dans certains cas, désillusion face à l’institution du mariage. Parallèlement, le pourcentage de couples vivant en concubinage a presque triplé, illustrant une redéfinition des formes de vie conjugale.
Cette mutation n’est toutefois pas uniforme sur l’ensemble du territoire. Tandis que Tel-Aviv incarne l’avant-garde du célibat tardif, les villes à forte population religieuse comme Beit Shemesh ou Bnei Brak conservent des taux de mariage très élevés. À Beit Shemesh, par exemple, seulement 2,2 % des femmes âgées de 45 à 49 ans sont célibataires.