La guerre prolongée à Gaza accentue l’isolement d’Israël sur la scène mondiale, non seulement par des déclarations politiques mais par des mesures économiques concrètes. Ce « boycott silencieux », jamais officiellement annoncé, touche tous les secteurs et pourrait causer autant de dommages qu’un embargo déclaré. De plus en plus d’événements, de visites et d’échanges commerciaux avec Israël sont annulés ou retardés sans justification officielle.
Le PDG d'Astel Commerce et Marketing Ltd., importante importatrice israélienne de matériaux pour l’industrie, décrit un boycott émergeant depuis un an et demi, en particulier de la part de fournisseurs européens et voisins comme la Jordanie et l’Égypte. Conséquences : délais de réponse, refus de contrats, absence de reconnaissance de certifications. L’entreprise a dû créer une filiale au Royaume-Uni pour éviter d’être identifiée comme israélienne.
En Turquie, de nouvelles restrictions affectent le commerce maritime : les navires israéliens ne peuvent accoster dans les ports turcs, les marchandises israéliennes transitant par la Turquie sont bloquées, et certains fournisseurs turcs refusent tout commerce avec Israël. Les importateurs israéliens constatent déjà une hausse des coûts et des difficultés d’approvisionnement.
Le phénomène se répand au-delà de l’industrie traditionnelle. Dans le secteur des sciences de la vie, des multinationales retardent ou annulent des investissements, évitent d’envoyer des cadres en Israël et préfèrent des alternatives non israéliennes. Les startups israéliennes masquent leur identité et minimisent tout lien avec le pays pour continuer à lever des fonds à l’étranger.
L’embargo silencieux touche également le milieu académique. Plus de 20 universités ont officiellement annoncé le boycott d’Israël depuis octobre 2023 et des chercheurs sont exclus de revues et de conférences. Conséquence : la part des publications israéliennes dans les revues internationales a chuté de 142 pour 1 000 en 2022 à 111 pour 1 000 en 2024, le plus bas niveau depuis 2017. Les jeunes chercheurs voient leurs chances de financement diminuer drastiquement.
Ce boycott silencieux, s’il venait à se renforcer dans le contexte de la conquête de Gaza-ville, risque de laisser des traces durables sur la compétitivité du pays.