L'administration américaine dévoile progressivement les contours de son ambitieux plan en 21 points visant à résoudre la crise de Gaza. Cette initiative, que les dirigeants israéliens considèrent comme ayant de sérieuses chances d'aboutir, ambitionne de parvenir à la libération simultanée de l'ensemble des otages dès l'entrée en vigueur du cessez-le-feu. L'opération de libération s'étalerait sur une période resserrée, vraisemblablement de l'ordre de 72 heures.
Les autorités israéliennes nourrissent cependant de vives préoccupations sur certains points.
Tout d'abord, les dispositions relatives au retrait du Hamas de la Bande de Gaza et au démantèlement de son arsenal militaire sont jugées trop floues. L'appréciation qui prévaut est que l'organisation terroriste ne procédera pas effectivement au démantèlement de ses capacités militaires.
Selon les révélations du Washington Post publiées dans la nuit, le plan prévoit explicitement l'élimination complète de l'armement offensif du Hamas. Cette information, corroborée par des exemplaires du plan obtenus par le quotidien américain et authentifiés par des sources gouvernementales des deux pays, précise qu'une amnistie serait proposée aux militants acceptant de « s'engager dans une coexistence pacifique », tandis qu'un corridor sécurisé vers des pays tiers serait aménagé pour ceux optant pour l'exil.
L'architecture proposée s'articule autour d'un arrêt immédiat et total des opérations militaires, d'un gel des positions sur le terrain, et de la libération de l'ensemble des otages encore vivants dans un délai de 24 heures. Consécutivement à cette libération, Israël procéderait à la libération de 250 terroristes condamnés à la réclusion à perpétuité ainsi que de 1700 terroristes interpellés postérieurement au 7 octobre. Par ailleurs, chaque dépouille d'otage restituée donnerait lieu à la remise des corps de quinze terroristes.
L'octroi d'une amnistie à une partie des dirigeants du Hamas, dont certains pourraient être relocalisés en Turquie, s'inscrit dans la logique de cette solution négociée. D'ailleurs, Donald Trump s'est entretenu ces jours-ci avec Recep Tayyip Erdogan à ce sujet dans une rencontre qualifiée de ''fructueuse''. La répartition des rôles esquissée prévoit une collaboration américano-israélienne d'un côté, turco-palestinienne de l'autre.
À l'approche de l'entrevue cruciale de lundi à la Maison Blanche, Binyamin Netanyahou fait face à des pressions contradictoires au sein de sa majorité. Le ministre de la Sécurité nationale, Itamar Ben Gvir, a publiquement contesté toute conclusion du conflit sans « victoire absolue sur le Hamas », affirmant que le chef du gouvernement n'avait pas de mandat pour conclure un tel accord.
En revanche, le ministre des Affaires étrangères Gideon Saar, a réaffirmé sa « confiance » dans la capacité du Premier ministre à « défendre les intérêts israéliens » face à son interlocuteur américain. « Après deux années de conflit, précise-t-il, l'intérêt national évident d'Israël réside dans l'achèvement de la guerre et la réalisation de ses objectifs. » Cette ligne trouve un écho favorable auprès du député Moshe Gafni, représentant du Judaïsme orthodoxe, qui plaide ouvertement pour « la cessation des hostilités et le retour des otages ».
En coulisses, des responsables israéliens formulent une critique acerbe du plan en 21 points de Donald Trump, qualifiant l'initiative de "désastreuse et épouvantable pour Israël" qui représenterait "une récompense accordée au terrorisme palestinien et une invitation à un nouveau massacre''.
Cette source gouvernementale décrypte la méthode employée selon elle par l'administration américaine : "Le scénario est simple : on introduit d'emblée une multitude d'éléments inacceptables pour que, lorsqu'on les retirera par la suite, les gens respirent et considèrent qu'il s'agit là d'un 'succès'."
Cette analyse révèle les soupçons nourris par certains cercles israéliens face à ce qu'ils considèrent comme "une tentative de contraindre Israël à accepter un plan défaillant qui sera simplement beaucoup moins néfaste que dans sa version actuelle".
Pour ces responsables : "Tout plan qui sera publié devra être examiné à l'aune de sa conformité avec les objectifs de guerre et les conditions minimales fixées par le Cabinet." Cette exigence de compatibilité avec les décisions gouvernementales préalables constitue, selon cette source, le seul étalon de mesure acceptable.
Dans ce contexte, une délégation d'urgence, composée des leaders de Judée-Samarie a pris l'avion cette nuit (samedi à dimanche) pour New York pour rencontrer le Premier ministre Netanyahou avant son entretien avec Donald Trump, afin de s'assurer que l'application de la souveraineté israélienne sur cette région ne soit pas jetée aux oubliettes.