En Tunisie, le 7 octobre ne se commémore pas comme une tragédie, mais comme une « victoire ». C’est à cette date symbolique, rebaptisée par les organisateurs « anniversaire du déluge d’Al-Aqsa », que des groupes pro-palestiniens ont lancé une nouvelle mobilisation : la campagne « Un million de signatures pour criminaliser la normalisation » avec Israël.
Cette initiative est portée par le Comité de coordination pour l’action commune pour la Palestine (CJA), la Campagne tunisienne de boycott et le Mouvement anti-normalisation. Dans leur déclaration, ces organisations affirment que leur démarche dépasse le cadre juridique : « Ce n’est pas seulement une revendication de loi, c’est un combat », opposé selon elles à « l’axe américano-sioniste » et aux « ambitions coloniales couvertes par les slogans de paix régionale ».
Le message vise autant Israël que les pays arabes ayant signé les Accords d’Abraham. Les organisateurs dénoncent « les régimes officiels arabes qui légitiment l’occupation », et affirment que « le peuple tunisien a toujours rejeté la normalisation, car elle constitue une trahison nationale, panarabe et humaine ».
Malgré le cessez-le-feu et l’accord de libération des otages annoncés quelques jours plus tard, la campagne maintient son cap. Le 13 octobre, ses initiateurs ont toutefois précisé que la collecte de signatures « n’a pas encore commencé », invoquant des démarches administratives liées à la protection des données personnelles.
La Tunisie n’entretient aucune relation diplomatique avec Israël et a déjà connu plusieurs épisodes anti-normalisation : en 2018, un député avait déchiré un drapeau israélien en plein Parlement, tandis qu’en 2020, le président Kaïs Saïed qualifiait le plan de paix de Donald Trump d’« injustice du siècle ». L’année suivante, il assurait même que « le mot normalisation n’existe pas » dans son dictionnaire politique.
Ce nouveau mouvement populaire risque donc de raviver la pression sur les autorités tunisiennes — et de tester jusqu’où ira la rupture symbolique avec Israël.