Le plan Trump pour “le jour d’après” à Gaza n’a que quelques semaines d’existence, mais déjà son avenir paraît incertain. Présenté comme une feuille de route vers la paix et la reconstruction, il n’a pour l’instant été mis en œuvre qu’en partie : le retour de tous les otages vivants, la restitution de quelques dépouilles et le redéploiement de Tsahal derrière la “ligne jaune”, une nouvelle zone de sécurité élargie.
Officiellement, le plan compte vingt clauses. En réalité, il s’agit moins d’un protocole détaillé que d’un cadre politique, une vision géostratégique visant à rebâtir un nouvel ordre régional centré sur Israël.
Sa première phase – présentée comme la conclusion symbolique de la guerre – a été célébrée lors d’un sommet international à Sharm el-Sheikh, réunissant dirigeants arabes, européens et asiatiques venus saluer un “nouvel âge” pour le Moyen-Orient.
Mais sur le terrain, seule une partie du cadre a été acceptée : Israël s’en sert comme base adaptable à ses impératifs sécuritaires, tandis que Hamas rejette toute idée de désarmement ou de démilitarisation.
Face à l’impasse, des responsables israéliens défendent désormais la création, dans les zones sous contrôle de Tsahal, d’un espace palestinien alternatif. Ce dernier serait administré par un gouvernement technocratique affilié à l’Autorité palestinienne, soutenu par les États arabes modérés et la communauté internationale. Objectif : relancer la reconstruction, restaurer des services civils et offrir aux Gazaouis une alternative politique et sociale à Hamas. Dans le sud du territoire, entre Khan Younès et Rafah, pourrait naître une zone pilote, vitrine de stabilité et de développement – une “anti-Gaza”, miroir inversé du nord encore ravagé et soumis à la domination islamiste.
Cette approche suppose une coordination étroite avec Washington, mais aussi avec Riyad et Abou Dhabi, qui posent leurs conditions : un lien, même symbolique, avec l’Autorité palestinienne et de véritables réformes institutionnelles avant tout engagement financier. Leur participation est essentielle : sans elle, le Qatar et la Turquie risqueraient de reprendre la main et de préserver l’influence du Hamas.
Pour Israël, le défi est double : empêcher la reconstitution d’un pouvoir armé à Gaza tout en évitant de paraître bloquer le plan Trump. Le gouvernement Netanyahou veut préserver sa liberté d’action militaire et garder la main sur la reconstruction, ainsi que sur la future force internationale de stabilisation évoquée dans le texte.
Sans un engagement personnel et durable de Donald Trump, le plan risque de s’essouffler avant même d’avoir pris corps. Pour l’heure, il a clos la guerre sur le papier, sans en résoudre les causes profondes.
Son ambition – redessiner la région autour d’un axe Israël–États arabes modérés – reste intacte.
Mais sur le terrain, Hamas n’a pas disparu, Gaza demeure fracturée, et la “nouvelle aube” promise à Sharm el-Sheikh tarde encore à se lever.