Trente ans après l’assassinat de Yitzhak Rabin, la société israélienne reste profondément marquée par ce traumatisme. Un sondage du Jewish People Policy Institute (JPPI), publié ce mercredi à l’approche du 30e anniversaire du drame, révèle qu’un Israélien sur deux craint qu’un tel événement ne se reproduise.
Selon l’enquête, 52 % des Israéliens estiment qu’il existe un risque élevé d’assassinat d’un Premier ministre ou d’une personnalité publique de haut rang. Seuls 29 % jugent ce risque faible et 12 % négligeable. L’inquiétude est particulièrement forte au sein de la population juive (57 %), contre 30 % chez les répondants arabes.
La perception du risque varie également selon les affiliations politiques. 83 % des Israéliens de droite craignent pour un dirigeant de leur camp, tandis que 69 % des personnes de gauche expriment la même préoccupation pour leurs représentants. Les électeurs des partis de droite et religieux se montrent les plus alarmés : Shas (88 %), Otzma Yehudit (87 %), Likoud (78 %). À l’inverse, les électeurs de l’opposition, comme ceux de Yesh Atid (38 %) ou du parti de Naftali Bennett (24 %), sont moins inquiets.
Au-delà de la peur d’un nouvel assassinat, le sondage met en lumière un mécontentement massif face à l’inaction des autorités. 80 % des Israéliens estiment que l’État ne réagit pas de manière adéquate face aux incitateurs, « de gauche comme de droite ». Parmi les Juifs interrogés, ce taux grimpe à 86 %. Seuls 4 % jugent la réponse suffisante.
Le 4 novembre 1995, Yitzhak Rabin avait été abattu par Yigal Amir, un extrémiste de droite opposé aux accords d’Oslo, à l’issue d’un rassemblement pour la paix à Tel-Aviv. Cet assassinat, premier d’un Premier ministre israélien par un compatriote, avait choqué le pays et le monde entier. Aujourd’hui encore, 79 % des Israéliens considèrent le choc provoqué par ce meurtre comme justifié.
L’héritage de Rabin et des accords d’Oslo reste toutefois clivant. 48 % des sondés jugent Oslo comme un pas dans la mauvaise direction, contre 45 % qui y voient une initiative positive malgré ses perspectives limitées. L’opinion diverge aussi sur l’impact de l’assassinat sur le processus de paix : un tiers pensent qu’il a interrompu les négociations, un autre tiers qu’elles se seraient arrêtées de toute façon, et le reste estime qu’elles se sont poursuivies. Parmi les Arabes, 47 % croient que le meurtre a mis fin au processus, contre seulement 12 % des Juifs de droite.