L'annonce ce dimanche par le Hamas de la localisation de trois corps d'otages servirait à couvrir une nouvelle manoeuvre de l'organisation terroriste, selon les autorités israéliennes. La manipulation dénoncée viserait à obtenir un sauf-conduit pour des centaines de ses membres coincés du côté israélien de la Ligne jaune.
Les sources israéliennes soupçonnent ainsi que la révélation du lieu où se trouvent les trois victimes, incluant la publication du nom de l'une d'elles, était préméditée. Selon Jérusalem, le Hamas voulait faire croire qu'il avait localisé les dépouilles en territoire contrôlé par Israël à l'est de Khan Younès après avoir obtenu l'autorisation de fouiller la zone. Une mise en scène destinée à préparer le terrain pour ses véritables exigences.
Peu après cette annonce, Al Jazeera a en effet diffusé un reportage révélant que des médiateurs travaillaient à l'établissement d'un "passage sûr" pour des terroristes du Hamas encore présents du côté israélien de la bande de Gaza. L'initiative prévoit leur évacuation à bord de véhicules de la Croix-Rouge, empruntant des couloirs sécurisés désignés.
Les médiateurs auraient obtenu l'accord du Hamas sur ces modalités et attendraient l'approbation d'Israël. Mais pour Jérusalem, le lien est clair : l'organisation palestinienne conditionne désormais le retour des dépouilles à la délivrance de ce sauf-conduit pour environ 200 de ses membres piégés dans la zone de Rafah, sous contrôle israélien.
Face à cette manœuvre, qui intervient après une précédente lors de laquelle le Hamas a fait croire qu'il avait découvert la dépouille d'un otage alors qu'il l'avait enterrée lui-même peu avant, Jérusalem oppose une fin de non-recevoir catégorique. Les autorités israéliennes indiquent vouloir "épuiser les possibilités diplomatiques" tout en envisageant l'application de sanctions contre le Hamas, dans une coordination étroite avec les États-Unis.
"Nous espérons qu'à un moment donné, les Américains comprendront à qui ils ont affaire et nous autoriseront à appliquer ces sanctions", ont déclaré des responsables israéliens. "Le fait que nous disposions de nombreux leviers, comme le contrôle des points de passage et du territoire, nous place en meilleure position."