Le président Isaac Herzog a présidé ce lundi la cérémonie officielle de commémoration du 30e anniversaire de l'assassinat du Premier ministre Yitzhak Rabin, dressant un parallèle entre le climat de tension actuel dans le pays et celui qui prévalait dans la période précédant la tragédie.
« Il est difficile de réaliser que trente ans se sont écoulés depuis que trois balles ont transpercé le cœur de la démocratie israélienne », a déclaré Herzog lors de la cérémonie organisée à la résidence présidentielle, point de départ des commémorations qui se sont poursuivies sur la tombe de Rabin au mont Herzl et à la Knesset. le chef de l'Etat s'est particulièrement alarmé d'un "climat de haine entre gauche et droite".
Le président a placé la démocratie et sa préservation au cœur de son hommage. Bien qu'une génération entière soit née depuis cette tragédie nationale, Herzog a insisté : « Ce n'est pas seulement une affaire du passé. »
Dans une déclaration publiée avant la cérémonie sur les réseaux sociaux, Herzog avait dénoncé un climat politique délétère, constatant que « les attaques mutuelles et les accusations d'incompétence s'étaient multipliées » et que « les propos incendiaires ne faisaient qu'aggraver une situation déjà dangereuse ».
Le président a établi un parallèle saisissant entre le climat de 1995 et celui qui règne depuis le 7 octobre 2023 : « On constate les mêmes violences et les mêmes dissensions contre les élus de tous les partis, sur les réseaux sociaux, dans les écoles et au sein des communautés arabes. »
« Peut-on encore enrayer la haine à temps ? » a-t-il interrogé, qualifiant la période actuelle de « l'une des plus chaotiques de l'histoire d'Israël ».
Herzog a martelé : « La violence n'est pas un droit démocratique. Elle signe la destruction de la démocratie. » Tout en reconnaissant la légitimité des désaccords politiques, il a appelé à ce qu'ils ne dégénèrent pas en affrontements entre citoyens.
Le Premier ministre Benyamin Netanyahou n'a pas assisté à la cérémonie. La famille Rabin continue de le tenir pour responsable de l'incitation à la haine qui a précédé l'assassinat, notamment lors d'un rassemblement organisé un mois avant le drame sur la place Sion à Jérusalem, où des pancartes montraient Rabin en uniforme d'officier SS. Une mise en scène avait poussé trois ministres du Likoud – Dan Meridor, Bennie Begin et David Levy – à quitter les lieux.
Cette année marquant le cap des 30 ans, les commémorations se poursuivront tout au long du mois, tant en Israël qu'à l'étranger.