Lors d’une conférence de presse à Jérusalem, le ministre des Finances Bezalel Smotrich a levé le voile sur les chiffres vertigineux de la guerre : 277 milliards de shekels de dépenses cumulées. Une somme qui inclut les coûts militaires, les aides sociales et les compensations versées aux civils et entreprises touchés. « C’est la guerre la plus longue et la plus coûteuse de l’histoire d’Israël », a déclaré Smotrich, saluant la résilience de l’économie israélienne et la nécessité de maintenir « un équilibre entre effort militaire, stabilité financière et croissance ».
La sous-cheffe du Département des Budgets a précisé que ces 277 milliards représentent l’écart de déficit cumulé par rapport à la trajectoire d’avant-guerre. Ce chiffre sert désormais de base à la révision du budget 2025, dont le plafond de dépenses a été relevé à environ 650 milliards de shekels, avec un déficit visé à 5,2 % du PIB.
Dans le même temps, l’économiste en chef du ministère des Finances a abaissé la prévision de croissance pour 2025 à 2,8 %, contre 3,1 % auparavant. Une baisse qui traduit l’impact durable du conflit sur l’investissement, la consommation et le marché du travail, affaibli par la mobilisation prolongée des réservistes.
Face à ces chiffres, Smotrich a reconnu la nécessité d’arbitrer entre sécurité et relance économique : « Nous devons continuer à bâtir, à croître et à nous battre — c’est la condition même de notre existence. »
Mais au sein du ministère, plusieurs hauts fonctionnaires avertissent déjà que le gouvernement devra, dès 2026, resserrer les dépenses militaires et engager des réformes structurelles pour ramener déficit et dette à des niveaux soutenables.
En toile de fond, la Banque d’Israël met en garde contre les effets à long terme d’un budget « de guerre » prolongé, estimant que la stabilité macro-économique dépendra de la capacité du gouvernement à rétablir une trajectoire budgétaire plus prudente sans freiner la reprise.