L'ancien président de la Cour suprême, le juge Aharon Barak, a participé ce dimanche à une conférence organisée par l'Institut israélien pour la démocratie, où il expliqué qu'il était inquiet quant à l'avenir du pays compte-tenu des réformes souhaitées par le gouvernement actuel.
"Nous nous dirigeons de la démocratie libérale dans laquelle nous vivions, sur une pente assez glissante, vers une démocratie illibérale, dont l'aboutissement est la dictature", a affirmé Barak, précisant : "Nous n'y sommes pas encore, mais si ce processus n'est pas stoppé, notre situation deviendra catastrophique."
Le magistrat, considéré comme la figure centrale de la révolution constitutionnelle des années 1990 qui a conféré des pouvoirs importants parfois considérés comme démesurés à l'autorité judiciaire, a tenu à souligner que malgré son image publique de personne radicale, il se perçoit comme "un homme de compromis et de consensus". Selon lui, la manière d'arrêter ce qu'il qualifie de "dégradation" devrait inclure un accord de plaider-coupable dans le procès du Premier ministre Benjamin Netanyahu.
"Je pense toujours qu'il faut opter pour un accord de plaider-coupable. Je l'ai également dit à ses représentants venus me rencontrer lors d'une occasion – le temps presse. Le moment viendra où nous aurons trop avancé dans le procès et il n'y aura plus de place pour un accord. À ce jour, c'est encore possible."
Rappelons que le Premier ministre a toujours refusé de conclure ce type d'accord avec la justice affirmant depuis le début qu'il est innocent des faits qui lui sont reprochés. Il souhaite donc que son procès aille à son terme pour laver son nom.
Lors de son intervention, Aharon Barak s'est également adressé directement à Binyamin Netanyahou : "Bibi, vous parlez d'une fracture au sein du peuple. C'est vrai, il y a une fracture. Mais vous devez donner l'exemple personnel et œuvrer à la réconciliation. Pourquoi poursuivre la réforme judiciaire maintenant ? Laissez cela pour après les élections. Que le peuple décide. Si vous dites au ministre de la Justice 'arrête', il s'arrêtera. Malheureusement, cela ne s'est pas produit – mais j'espère que cela arrivera encore."
L'ancien président de la Cour suprême a ajouté que les prochaines élections sont "cruciales pour l'avenir du régime et de la vie démocratique en Israël".