Le Parquet autrichien a déposé mercredi un acte d'accusation contre le général de brigade à la retraite Khaled al-Halabi, ancien officier supérieur des services de renseignement du régime d'Assad, pour crimes de guerre et tortures commis lors de la répression du soulèvement contre le régime dans la ville de Raqqa entre 2011 et 2013.
Selon l'acte d'accusation, al-Halabi, 62 ans, a réussi à se cacher pendant des années dans des villes européennes avec l'aide d'agences de renseignement occidentales, dont le Mossad israélien, pour lequel il servait d'agent double alors qu'il était encore officier actif du régime Assad.
Al-Halabi a été arrêté en décembre dernier en Autriche, après une traque qui a duré 12 ans. Est également mis en accusation le lieutenant-colonel Mussab Abu Ruqba, 53 ans, qui dirigeait les enquêtes criminelles pour les services de renseignement syriens à Raqqa, bien qu'il ne soit pas certain qu'il soit également en détention. Tous deux nient par l'intermédiaire de leurs avocats les accusations de maltraitance de détenus.
Il s'agit du premier acte d'accusation déposé en Autriche contre des hauts responsables du régime d'Assad, rejoignant des poursuites similaires engagées en Allemagne et en Suède. Le parquet indique avoir identifié 21 victimes torturées par al-Halabi et son équipe, dont beaucoup ont témoigné de coups violents et d'électrocutions infligés par ses hommes dans la branche 335 de la Sûreté de l'État syrien à Raqqa, qu'il dirigeait depuis 2008.
Al-Halabi, membre de la communauté druze de Syrie, a servi pendant de longues années dans l'armée syrienne. Originaire de la ville de Soueïda près de Damas, il a été affecté aux services de renseignement en 2001 et nommé en 2008 à la tête de la branche 335 de la Sûreté de l'État à Raqqa. Lorsque les manifestations contre Assad ont éclaté en mars 2011 dans le cadre du Printemps arabe, son unité fut parmi celles qui menèrent les arrestations d'activistes et leurs interrogatoires, dans le but d'identifier les organisateurs des manifestations et d'empêcher les fuites de documents vers les médias internationaux.
Selon des informations rapportées par le New York Times, basé sur l'acte d'accusation et des organisations syriennes, al-Halabi travaillait comme agent double pour le Mossad avant de fuir la Syrie en 2013 vers Paris, avec l'aide du Mossad et des services de renseignement autrichiens qui l'ont transporté en voiture à travers l'Europe et l'ont installé dans une planque.