International

Une visite secrète en Israël qui risque d’irriter Pékin

Selon des informations obtenues par Reuters, le vice-ministre taïwanais des Affaires étrangères, François Wu, a effectué ces dernières semaines une visite discrète en Israël

3 minutes
11 décembre 2025

ParNathalie Sosna Ofir

Une visite secrète en Israël qui risque d’irriter Pékin
Istock

Désolé, votre navigateur ne supporte pas la synthèse vocale.

Un déplacement particulièrement sensible, alors que la Chine considère Taïwan comme un territoire lui appartenant et exerce une pression constante pour empêcher toute reconnaissance diplomatique de l’île.

Israël, comme la majorité des pays, reconnaît officiellement Pékin et non Taipei. Les visites de responsables taïwanais dans des États qui ne reconnaissent pas l’île sont rares. Mais depuis le 7 octobre et face au soutien affiché par Taïwan à Israël, les relations se sont nettement resserrées.

Les sources interrogées par Reuters n’ont pas précisé les sujets abordés lors des discussions, ni si les deux parties ont évoqué le T-Dome, le nouveau système taïwanais de défense aérienne dévoilé en octobre et partiellement basé sur des technologies israéliennes.

Cette visite intervient alors que la Chine a vivement critiqué Israël la semaine dernière, après que Jérusalem a cosigné à l’ONU une déclaration dénonçant les violations des droits humains en Chine — une prise de position inhabituelle pour Israël. Pékin a accusé certains pays d’« ignorer les faits » et a défendu ses « avancées historiques » dans ce domaine.

Le ministère taïwanais des Affaires étrangères n’a pas confirmé la visite, mais a rappelé que Taipei et Israël « partagent les valeurs de liberté et de démocratie », et poursuivront leurs coopérations dans les domaines du commerce, de la technologie, de la culture et au-delà.

Wu, ancien représentant de Taïwan à Paris et figure de premier plan de la diplomatie taïwanaise, avait participé publiquement pour la dernière fois à la Conférence sur la sécurité de Berlin, le 19 novembre.

Taïwan établit volontiers un parallèle entre les menaces militaires pesant sur elle — principalement celles de la Chine — et celles auxquelles Israël est confronté, notamment de la part de l’Iran. Pékin, pour sa part, entretient des relations étroites avec les Palestiniens et reconnaît un État palestinien depuis 1988, tandis que Taïwan réaffirme ne pas avoir l’intention de s’y associer.

Malgré son implantation diplomatique limitée au Moyen-Orient, Taïwan entretient des représentations de facto à Tel Aviv et à Taipei. Ces derniers mois, les échanges se sont multipliés : en octobre, François Wu a reçu à Taipei le directeur général du ministère israélien des Affaires sociales ; en septembre, le président taïwanais Lai Ching-te a accueilli dans son bureau des parlementaires israéliens.

Lai avait alors salué « la détermination et la capacité d’Israël à défendre son territoire », allant jusqu’à citer le combat biblique entre David et Goliath comme inspiration pour Taïwan. Le mois dernier, son ministre des Affaires étrangères, Lin Chia-lung, a évoqué des « interactions dans les domaines de la technologie et de la sécurité », comparant le T-Dome à la Iron Dome israélienne.

L’affaire des bips explosifs utilisés par Israël contre le Hezbollah — qui portaient le nom d’une marque taïwanaise — a brièvement embarrassé Taipei. Mais les deux pays ont minimisé l’incident, soucieux de préserver l’élan de leur rapprochement diplomatique.