Moyen-Orient

Trump furieux contre Netanyahu ?

Selon un reportage du site AXIOS, la Maison-Blanche a adressé un message particulièrement sévère à Benyamin Netanyahu, à la suite de l’élimination du haut responsable du Hamas Ra’ad Saad, menée sans consultation préalable de Washington, un épisode qui s’ajoute à des tensions croissantes autour de la Syrie et de la Judée-Samarie.

4 minutes
15 décembre 2025

ParNathalie Sosna Ofir

Trump furieux contre Netanyahu ?
Maison Blanche

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Si l'on se réfère à AXIOS, la Maison-Blanche a transmis un message privé et ferme au Premier ministre israélien, Benyamin Netanyahu, affirmant que l’élimination d’un haut responsable du Hamas le week-end dernier constituait une violation de l’accord de cessez-le-feu négocié par le président Donald Trump.

Deux responsables américains ont indiqué que ce message courroucé intervient dans un contexte de tensions croissantes entre l’administration Trump et le gouvernement Netanyahu, autour de l’étape suivante de l’accord visant à mettre fin à la guerre à Gaza, ainsi que de la politique régionale d’Israël. D’après ces sources, le secrétaire d’État Marco Rubio, l’émissaire de la Maison-Blanche Steve Witkoff et le conseiller et gendre du président, Jared Kushner, expriment une profonde frustration à l’égard de Netanyahu.

L’incident à l’origine de ce message s’est produit samedi, lorsqu’Israël a éliminé Ra’ad Saad, adjoint du commandant de la branche militaire du Hamas et considéré comme l’un des planificateurs de l’attaque du 7 octobre. Quatre personnes ont été tuées lors de la frappe menée dans la ville de Gaza. Des responsables américains ont précisé que le gouvernement israélien n’avait ni informé ni consulté les États-Unis avant l’opération.

Comme nous vous en informions la semaine dernière, il semble qu'à l’approche du déplacement de Benyamin Netanyahu à Miami, prévu pour la fin du mois, un malaise croissant se fait sentir à Jérusalem. La crainte est que Trump ne l’attende pas cette fois avec une accolade chaleureuse et une photo flatteuse sur la pelouse, mais avec un dossier épais de revendications.

Il ne s’agirait plus d’un « ami qui amène un ami », mais d’un « ami qui amène un plan » — et qui pose, avec une courtoisie ferme, la question suivante : es-tu dedans, ou es-tu le problème ?

Un haut responsable américain a été cité déclarant : « Si vous voulez ruiner votre réputation et montrer que vous ne respectez pas les accords, libre à vous. Mais nous ne vous permettrons pas de ruiner la réputation du président Trump après qu’il a négocié l’accord sur Gaza. »
Un responsable israélien a confirmé que la Maison-Blanche n’était pas satisfaite, tout en affirmant que le message avait été plus modéré et faisait référence au fait que « certains pays arabes » considéraient l’opération comme une violation.

De son côté, Israël a fait valoir auprès de l’administration Trump que le Hamas avait lui-même violé l’accord en attaquant des soldats et en reprenant les trafics d’armes, et que Saad œuvrait activement à la rupture du cessez-le-feu et à la reprise des combats.

Le reportage d’AXIOS détaille également une série d’autres points de friction. En Syrie, l’administration Trump estime que les frappes israéliennes nuisent aux efforts américains visant à aider le gouvernement d’Ahmad al-Charaa à stabiliser le pays et à élaborer un nouvel accord sécuritaire. L’émissaire américain Tom Barrack se trouve actuellement en Israël pour des discussions sur ce dossier.

Concernant la Judée-Samarie, la Maison-Blanche se dit préoccupée par les violences d'habitants d'implantations, perçue comme une provocation qui compromet les efforts d’élargissement des Accords d’Abraham, en particulier vis-à-vis de l’Arabie saoudite.

Par ailleurs, le président Trump a récemment déclaré à Netanyahu, lors d’un entretien téléphonique, qu’il devait être « un meilleur partenaire » sur le dossier de Gaza. Des responsables ont indiqué que Steve Witkoff et Jared Kushner étaient irrités par le manque de flexibilité israélien concernant le passage à la deuxième phase de l’accord de paix.

La Maison-Blanche cherche à passer de la réhabilitation des relations à l’élargissement des Accords d’Abraham, mais des dirigeants régionaux expriment un manque de confiance envers Netanyahu. Ainsi, une tentative américaine d’organiser une rencontre entre Netanyahu et le président égyptien Abdel Fattah al-Sissi s’est heurtée à une opposition ferme du Caire.

Un responsable américain a affirmé que si Netanyahu ne prenait pas de mesures pour apaiser la situation, l’administration ne s'investirait plus dans l’élargissement des Accords d’Abraham. Benyamin Netanyahu devrait rencontrer le président Trump à Mar-a-Lago le 29 septembre.

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