Le Hamas observe avec une inquiétude croissante la diffusion d’un modèle de milices autonomes qui prennent le contrôle de territoires sans coordination directe avec lui, ni même avec l'Autorité palestinienne. Ce phénomène, initialement né dans la bande de Gaza sous l'impulsion de Yasser Abu Shabab, semble aujourd’hui s’exporter vers la Judée-Samarie avec la revendication d'une tribu de Hevron de se constituer en ''émirat de Hevron" afin d'intégrer les accords d'Avraham et de parvenir à une paix avec Israël.
Ces développements suscitent une vive réaction du mouvement terroriste. En réponse, le Hamas a mobilisé en urgence la structure dite de la « salle d’opérations conjointe des factions armées », un groupement qui rassemble une quinzaine de factions actives dans la bande de Gaza sous son égide.
Ne s'exprimant qu'en cas de circonstances exceptionnelles, cette cellule était silencieuse depuis le mois d'octobre 2023. Ce dimanche, elle publie un communiqué particulièrement virulent à l’encontre d’Abu Shabab, l’accusant de trahison et de saper l’unité palestinienne. Le texte va jusqu’à déclarer que « son sort doit être celui d’un traître ».
Le fait que le Hamas choisisse de réactiver cet organe après plus d’un an et demi de silence témoigne de l’ampleur de la menace perçue. La propagation du phénomène « Yasser Abu Shabab », notamment dans une ville aussi symbolique que Hevron, ébranle visiblement les fondements du contrôle exercé par le Hamas sur la bande de Gaza et la Judée-Samarie.
Certains observateurs y voient d’ailleurs un levier stratégique potentiel en permettant de remodeler en profondeur l’équilibre des forces sur le terrain, voire de remettre en cause les initiatives de l’Autorité palestinienne et de certains pays européens visant à proclamer un État palestinien indépendant.